[Roman] L’Éveil – Les Chroniques d’Harmonie Tome 1, de Patrice Lecina

Note : 4 sur 5.

Une dystopie prenante

Gwenaël est un jeune homme qui vient d’être engagé comme domestique à la cour ducale. Alors qu’il essaie de protéger une noble déchue d’un seigneur violent, celui-ci le jette par-dessus les remparts du château. Non content de survivre, Gwenaël se découvre le pouvoir de lire dans les pensées. Cela chamboulera sa vision de la vie qu’il mène, car il se rendra compte que le Duc change régulièrement, mais que ça ne choque personne ; plus encore, personne ne se souvient du Duc précédent, comme s’il n’avait jamais existé. Car les Rayons, caste apparemment religieuse du duché d’Harmonie, imposent des changements de souvenirs aux harmoniens, et ceux qui ont le malheur de s’en rendre compte sont emprisonnés et personne n’en entend plus jamais parlé, pour peu qu’ils s’en souviennent. Alors qu’il est à deux doigts d’être capturé pour se faire tuer par le seigneur violent, devenu Duc récemment, Gwenaël trouve le moyen de s’enfuir de la ville d’Ambria et rejoindre le camp des déviants de la forêt interdite.
Il sera aidé dans sa fuite par une Rayon particulière. Calie était une voleuse des Terres sauvages, emprisonnée car prise la main dans le sac, qui a acceptée de devenir une Rayon pour rester en vie. Elle aura pour mission de déjouer un trafic au sein des Rayons. Puis son supérieur directe, le Rayon 1er, la nommera première, et unique, Rayon Inquisitrice afin de purifier des rangs des Rayons de ceux qui ne respectent pas les lois. Elle détestera ce rôle, mais y restera car sa propre vie est en jeu. Elle réussira à aider Gwenaël en lui donnant des informations, notamment sur le Rayon-Coordinateur qui le traque pour l’étudier.
Tous deux découvriront les dessous cachés du duché d’Harmonie, les subterfuges des Rayons, la vérité sur la naissance des harmoniens et les réalités des Terres Sauvages.

Un roman maîtrisé

Il y a peu de choses que je n’ai pas aimé à propos de ce roman.
Les personnages ont tous une personnalité propre, caractérisée, et qui évoluera d’une manière cohérente au fur et à mesure que l’intrigue se déroule.
Gwenaël est d’abord ce qu’on a fait de lui, un jeune homme gentil, loyal, se pliant à l’autorité, travailleur. Il sera après sa chute avide de comprendre pourquoi son monde fonctionne de cette manière, pourquoi est-il considéré comme un paria pour quelque chose qu’il ne contrôle pas. Il tentera le plus possible de faire les choses le plus pacifiquement possible, ne recourant à la violence qu’en de rares occasions, ou vers la fin quand il comprendra qu’il n’a plus le choix s’il veut rester en vie que d’utiliser son pouvoir à son plein potentiel. Il aura aussi, tout le long du roman, la présence d’esprit de garder son don secret, ce qui lui vaudra quelques révélations et la vie sauve à plusieurs reprises.
Calie est une jeune femme qui n’a fait que survivre depuis qu’elle est née, et elle continuera de faire cela, de se garder en vie. Il n’y a pas beaucoup de changement pour le personnage de Calie, mais ça ne veut pas dire qu’elle est mal écrite. Elle sera obligée de prendre des risques et d’endosser des responsabilités qu’elle aurait préféré éviter, c’est une opportuniste, mais elle a des scrupules, car il vaut mieux être en vie et faire les basses besognes du Rayon 1er que d’être morte ; elle est comme une petite souris dans un labyrinthe, surveillée par un chat : si elle se cache dans les bons angles, elle peut faire en sorte d’essayer de chercher une porte de sortie, mais dès qu’elle est de nouveau dans le champ de vision du chat, elle fait semblant de chercher dans le labyrinthe ce que le chat lui demande de trouver.
Disons que, pour le bien de l’évolution de Gwenaël, Calie n’en a pas beaucoup. Mais ce n’est que le premier tome, et j’espère la voir évoluer un peu plus dans la suite.
Des autres personnages, je voudrais mentionner d’abord Ulric, le Rayon 1er, qui est imposant, autoritaire, mais qui semble juste aux premiers abords, raisonnable, jusqu’à ce qu’il annonce former une Inquisition, et on sait bien ce qu’a donné l’Inquisition espagnole en son temps : rien de bon. Il prend alors une position bien plus terrifiante qu’il avait auparavant, car maintenant les autres Rayons ont également peur de lui (en même temps, ils avaient qu’à pas faire de la contrebande, nah).
J’aurai voulu parler de Tiffany, un personnage secondaire important, mais je ne peux pas le faire sans gâcher son implication dans certaines choses. Elle sera un pivot important pour la confiance que Gwenaël, et nous lecteurs, portons aux personnages faisant partie de la cour ducale.

L’intrigue et sa narration sont également ficelées avec soin. Il y a une alternance de point de vue entre Gwenaël et Calie, nous passons de l’un à l’autre, dans une double intrigue qui ne se croisera que quand les personnages se rencontreront, mais ne seront pas liés de sorte que ce sont bien deux histoires parallèles que nous avons avec des coups d’œil de l’un vers l’autre.
Ça ne démarre pas trop vite, mais ça ne démarre pas lentement non plus, l’auteur a su trouver le juste milieu pour nous amener progressivement à nous poser les bonnes questions, sans nous étourdir d’information car aucun des deux personnages ne connaît vraiment la ville d’Ambria et le fonctionnement du duché d’Harmonie, donc ils sont aussi perdus que nous. L’intrigue atteint ses pics et ses chutes toujours aux bons moments, et elle est soutenue par des réactions plausibles de la part des personnages, de sorte que tout est à la bonne place.

S’il y a une chose qui m’a étonnée, ça a été la fin du tome.
Elle n’est pas mauvaise, et je comprends pourquoi elle est telle qu’elle est. Mais les deux derniers chapitres auraient eu pour moi plus de sens au début du tome suivant ; simplement je trouvais très bien le moment où Gwenaël quitte enfin le duché pour mettre un point final au tome, probablement parce que j’aime bien ce genre de fin, où tout est encore possible, où on ne sait pas dans quoi le héros va se retrouver. Après, peut-être que ça fera plus sens pour moi quand je lirai la suite. Mais je comprends pourquoi l’auteur a préféré nous montrer ce qui allait attendre les personnages ensuite plutôt que de nous laisser l’esprit au vent.

Et, point bonus, je ne me suis pas interrogée sur le genre du livre, pour moi, on arrivait dans un monde qui n’avait rien à voir avec le nôtre, c’était probablement de la Fantasy. Et en ce qui me concerne, ça peut très bien en rester pour ce tome-là (si on laisse de côté deux indices, oui, d’accord, je triche) Parce que, oui, ce n’est pas parce que vous avez des blasters et des trottinettes volantes que vous lisez forcément de la Science-Fiction. Cependant, ça ne me dérange pas, et l’auteur le classe en SF, je lui fais confiance pour la suite.
Il faut prendre en compte ici le fait que ce tome se passe en huis-clos au sein du duché où tout est fait pour faire penser aux harmoniens qu’ils vivent à une époque féodale, avec des bonus pour certaines classes sociales. Il n’y a (presque) aucune mention de ce qui a pu être avant ou de chose que l’on peut connaître en tant que lecteur. Et tout est dans le presque 😁

Editeur : Auto-Edition
ISBN : 9978-2-957127-70-2
Date de sortie : 17/01/2020
Lien de présentation : Babelio

Tomaison : Tome 1/3
Prix : 13,99 €
Nombre de pages : 352
Format : Broché

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