[Roman] Sayani, La Malédiction du Dieu-Jaguar, de Corinne Guitteaud

Note : 5 sur 5.

La Malédiction du Dieu-Jaguar

Sayani est un jeune homme d’une tribu d’Amazonie, les Atashinka, quatrième fils du chef et apprenti shaman. Ses 3 frères aînés sont tous mariés mais lui n’a trouvé encore personne qui fasse battre son cœur parmi les gens de son village. Quand il va dans la Forêt pour récolter les plantes médicinales, il se sent parfois attiré à rester, et dernièrement il semblerait qu’un jaguar le surveille.
Son peuple est faible, la maladie et la famine menace de les tuer tous. Alors son père part en quête sacrée pour demander aux dieux ce qu’il faut faire pour les sauver. Il revient plus faible que jamais avec un sac d’un légume-racine que le village s’empresse de cultiver. Mais les frères aînés de Sayani profitent de la faiblesse de leur père et imposent une tyrannie sur le village. Un soir, Sayani est enlevé, ligoté et jeté dans une barque. Il est sauvé par un être inconnu et arrive dans un majestueux palais, gouverné par le jaguar qui le surveillait. La nuit venue, il suit le son d’une flûte et rencontre Churin, dont il ne peut voir le visage. Il apprendra rapidement que Churin et le jaguar ne font qu’un et qu’il a été maudit pour avoir manquer de respect au dieu-jaguar alors que celui-ci l’avait approché sous le déguisement d’un mendiant.
Quand Sayani tente de plaider la cause de Churin, qui a compris son erreur et s’en repend sincèrement, le dieu-jaguar soustrait Churin a la Forêt et l’enferme loin au sud, sur l’île du lac Anqas, au cœur de l’empire Inca.
Alors Sayani part en quête de son ami. Il fera des rencontre toutes plus étonnantes les unes que les autres, découvrira qui sont ses alliés et qui sont ses ennemis, prendra conscience des véritables sentiments qu’il éprouve pour Churin. Mais sa volonté est mise à rude épreuve et ses ennemis feront tout pour le faire vaciller.

Une quête initiatique

Ce n’est pas la première fois que je lis Corinne Guitteaud et je suis encore une fois émerveillée par sa plume.
Sayani est un personnage dans lequel j’ai aimé m’identifié dès le début, il est gentil, un peu naïf, à l’écoute et compatissant. Par amour pour sa tribu, il brave les danger de la Forêt, et la menace du jaguar, qui contre toute attente lui amène des proie pour nourrir son peuple. C’est par amour, même s’il ne le comprend pas encore, qu’il va plaider la cause de Churin et partir à sa recherche ensuite. Sa volonté est mise à rude épreuve pendant sa quête, mais ce sont ces épreuves incessantes qui lui permettront de passer d’enfant à homme. S’il arrive que Sayani fasse confiance à la mauvaise personne, quelqu’un sera là pour le remettre sur le droit chemin.
Le personnage de Churin n’est vraiment présent que pendant la première partie du roman, et l’on sait qu’il a déjà fini son arc de rédemption, car s’il est décrit comme ayant été cruel et arrogant, ça n’est plus du tout le cas. Il y a vraiment une dichotomie entre le Churin qui a été maudit par le Dieu-Jaguar et le Churin que l’on rencontre. Exactement comme la Bête, de La Belle et la Bête, il a appris de ses erreurs passées, cependant lui n’a aucun espoir de redevenir humain complètement. Si la nuit il redevient humain, il n’est pourtant qu’une ombre dont on ne peut distinguer le visage. Sayani lui redonnera l’espoir, notamment dans la dernière partie où la volonté de Sayani sera suffisante pour qu’ils puissent vivre heureux tous les deux.

En tant que réécriture de la Belle et la Bête mélangée à la légende de Cupidon et Psyché, je ne pouvais qu’être conquise. On retrouve tous les éléments de ce conte et quelques uns de cette légende dans la première partie du roman, savamment orchestrés, délicieusement mélangés, dans un Pérou fantastique et si lointain. Comme c’est un pays et une culture que je ne connais pas, j’ai vraiment eu l’impression de me retrouvée dans un monde de Fantasy, où tout est à apprendre, tout est à comprendre. Corinne Guitteaud nous dévoile petit à petit les aspects particuliers de ces endroits qu’elle nous décrit, de cette culture qu’elle nous offre à lire, on a parfaitement le temps de digérer les nouvelles choses avant qu’on nous en propose de nouvelles.

La structure en 3 parties de ce roman est efficace. Chacune des parties possède ses enjeux, son paysage, ses adjuvant, son mentor et son ennemi. Si la première partie est centrée sur la forêt et la malédiction du Dieu-Jaguar, où Sayani est sous la tutelle de Kunaq, le shaman du village et est aidé par les singes-araignées, qui sont les gens du palais de Churin transformés avec lui, et la femme-coati Achiyaku, la seconde nous fait aller dans la montagne, avec de nouveaux dangers inhérents et un nouveau dieu, le Dieu-Puma, a apprendre à connaître, et à se méfier, un nouveau mentor en la personne de Cauillaca, une sorcière et une famille qui lui viendra en aide. Et la troisième partie se déroule près de et sur un lac, mais je vous laisserai découvrir le tout, je dirai juste que l’ennemi de cette dernière partie est particulièrement vicieuse.

Je suis contente de la fin, sans trop en dévoiler, ça se termine bien, et d’une manière différente que je ne le pensais au début. Je suis satisfaite de la rédemption de certain personnage, suis déçue par le comportement d’autres (mais c’est parce qu’ils sont bien écrit, je ne suis pas déçue de l’écriture des personnages en eux-mêmes)
Il y a une seule chose qui me chagrine, c’est que dans cette version numérique que j’ai reçue, les notes de bas de pages se trouvent tout à la fin du roman, j’aurai préférée en fin de chapitre, même si on peut comprendre facilement certain de ces termes par le contexte.

Editeur : Editions Voy’el
ISBN : 978-2-364754-81-2
Date de sortie : 07/04/2023
Lien de présentation : Babelio

Tomaison : Tome unique
Prix : 5,99€ ou 18,00€
Nombre de pages : 252
Format : Numérique ou Broché

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